Dimanche, 17-11-18

18. Dim-Vr -TRENTE-TROISIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE -G, C, P dominicale – 1e Lecture : Dn 12, 1 -3 ; Ps 16(15), 5.8, 9-10, 1b.11 ; 2e Lecture : He 10, 11 -14.18 ; Évangile : Mc 13, 24 -32.

Première lecture (Dn 12, 1-3)

« En ce temps-là viendra le salut de ton peuple »
Moi, Daniel, j’ai entendu cette parole de la part du Seigneur : « En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui veille sur ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent. Mais en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles. »

Psaume responsorial (Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 1b.11)

R /Garde-moi, Seigneur mon Dieu, toi, mon seul espoir !

Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

Deuxième lecture (He 10, 11-14.18)

Jésus Christ amène à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté

Dans l’ancienne Alliance, les prêtres étaient debout dans le Temple pour célébrer une liturgie quotidienne, et pour offrir à plusieurs reprises les mêmes sacrifices, qui n’ont jamais pu enlever les péchés. Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté. Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour les péchés.

Evangile (Mc 13, 24-32)

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas »

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel. Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »
Commentaire et méditation

La grâce et la paix de la part de notre Grand-frère et Meilleurs Ami, Jésus Christ soient toujours et restent en permanence sur vous. Nous sommes au trente-troisième dimanche du temps ordinaire année « B ». C’est-à-dire que ce dimanche est la pénultième dimanche de cette année liturgique. Les textes de ce jour nous parlent de la fin heureuse qui est, à la fois la conclusion finale du temps et de l’espace.
En effet, frères et sœurs, toujours et partout, c’est la présence de Jésus qui anime ses disciples ceux et celles d’hier et d’aujourd’hui. Certes, Il est vrai que les disciples qui l’avaient connu et qui ont fait une expérience ultime de son existence, ici sur terre, disparaissaient progressivement. Néanmoins, il n’est pas non plus erronée que ceux et celles qui restaient en vie croyaient en lui sans l’avoir vu, mais en espérant qu’ils le verront un jour.
Cette espérance soutenait leur foi qui se nourrissait des eucharisties à travers lesquelles ils célébraient sa présence invisible, en espérant toutefois qu’ils contempleraient son visage face à face. Dans l’espérance, la foi et dans l’amour, ils se rappelaient continuellement et avec nostalgie les paroles de Jésus. Les deux tables étaient leur nourriture dans les temps difficiles de persécution et de cache-cache. Par ailleurs, leur foi ne pouvait pas leur empêcher ces lancinantes interrogations : quand est-ce que le désir de posséder le Bien-aimé pour toujours s’accomplirait ? Qu’est-ce qui peut rassurer la vérité que leur foi renferme et véhicule ? Ne risqueraient-ils pas d’oublier petit à petit l’essentiel pour se perdre dans le superflu et les banalités mondaines ? De fait, de même que les années s’écoulaient ; de même le jour si attendu n’arrivait pas ! Que donc pouvaient-ils en penser : Le seigneur reviendra ou bien, il ne viendra plus ?

Dans de telles tergiversations, la plus terrible pauvreté consisterait à ignorer Dieu et la plus grande misère serait se priver du sens de l’existence. Les deux torpeurs de l’esprit peuvent normalement les mobiliser jour après jour. Ils étaient guettés par le danger de mener une vie appelée à sombrer dans le néant ! Par ailleurs, c’est à travers la foi et les doutes que les esprits forts qui, d’ailleurs ne manquent pas à chaque époque, affirmaient à qui veulent les entendre que le jour du seigneur tarde à venir mais qu’il viendra se faisaient entendre. Alors que certains proclamaient que l’état enfantin de l’humanité est dépassé et que l’heure est venue pour l’homme de s’en franchir pour affirmer enfin son autonomie absolue !

A travers ces tapages qui nient Dieu et la loi de quelque nature qu’elle soit, au milieu de l’exit la loi morale, exit les commandements d’un Dieu supposé qu’il n’existe pas, exit la culpabilité et de l’exit les tabous et toutes les autres entraves de la liberté, aujourd’hui encore la liturgie nous rappelle que ce monde n’est pas éternel. Après un temps d’euphorie et d’exaltation, le petit Prométhée qui essaye de s’élever jusqu’au ciel pour s’emparer du trône de Dieu est en train de s’écraser lamentablement sur terre.

De fait, qui ne voit pas que la soi-disant libération des mœurs a conduit notre humanité à l’aliénation téléguidée par les passions débridées ? Qui n’est pas conscient que le relativisme éthique étouffe tout idéal de la personne humaine ? Comme le confirme le nombre, sans cesse grandissant, des personnes qui se suicident, qui ignorerait que l’athéisme conduit inévitablement au désespoir ?
Mais hélas, l’homme contemporain est trop orgueilleux. Même en voyant de tels méfaits, il n’avouer pas son erreur. On dirait qu’il ne veut pas revenir de son errance. Il semble qu’il n’aimerait pas se convertir au Dieu de tendresse qui lui attend avec les bras de sa miséricorde totalement ouverts. Or comme nous le rappelle la liturgie de ce dernier dimanche de l’année liturgique, il n’y a pas une minute à perdre : les temps sont courts. Le Seigneur est proche. Au temps de la patience et du pardon succèdera celui de la justice. A ce temps là, nos œuvres seront révélées au grand jour et seuls échapperont au jugement ceux et celles qui, humblement, lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercés.

Par ailleurs, d’aucun ne manquent pas d’ironiser, ‘accusant le Seigneur de retard’ ; mais rappelons-nous que : « devant le Seigneur, un jour est comme mille, et mille ans sont comme un jour ; il ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, mais il use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 8-9). Au jour et à l’heure fixés et au moment que « nul ne connait, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père », « on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire » ; « en ce temps-là viendra le salut pour tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu », mais ceux qui auront refusé le pardon offert en Jésus-Christ, « s’éveilleront pour la honte et la déchéance éternelles ». Sommes-nous en train de réactiver un genre littéraire suranné, largement utilisé par les prédicateurs d’un autre âge et qui consiste à faire trembler de peur les pauvres fidèles afin d’étouffer leur joie de vivre, et de les amener à une soumission inconditionnelle aux clercs ?

C’est tout à fait le contraire ! Même si, grâce à Dieu, les styles de prédication ont évolué, la Parole de Dieu n’a guère changé. Comme nous le dit le Pape Francois, il faut la prêcher « sin glossa » (EG, 271). Certes, nous ne prêchons plus un Dieu terrible ni une religion de la peur. Mais devons-nous laisser d’avertir nos contemporains des malheurs qu’ils sont, eux-mêmes, en train de déclencher par leur mépris de la loi naturelle. De nos jours, en effet, les médias ne cessent de nous mettre en garde : « si nous continuons à transgresser les lois de la biosphère, nous allons gravement hypothéquer l’avenir de la planète sans oublier bien entendu notre existence ». Ce discours semble être admissible pour beaucoup. Mais pourquoi donc ce qui est vrai dans le domaine des lois naturelles de l’écologie, ne se vérifierait-il pas dans le domaine de la loi morale naturelle ?

Hélas, il n’est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Croyant pouvoir impunément transgresser les lois élémentaires de la vie naturelle, nos contemporains se bouchent les oreilles même à la voix de leur conscience. Ceci le pape émérite, Benoît XVI, le rappelait vigoureusement dans la Lettre encyclique, Caritas in veritate. Au n°51, il écrit, non sans raison : « La façon dont l’homme traite l’environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement ». C’est pourquoi continue le pape théologien : « la dégradation de l’environnement est […] étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine ». De fait, explique-t-il, quand l’ « écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. Le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble. Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté ; si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles ; si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine et, avec lui, celui d’écologie environnementale ».

De ce qui vient d’être dit, nous devons tirer des conclusions logiques en disant que le fait de vouloir exiger à des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction parce que l’éducation qu’ils reçoivent et les lois de la société ne les aident pas à se respecter elles-mêmes. En effet, « le livre de la nature est unique et indivisible, qu’il s’agisse de l’environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral. Les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société » Qu’est ce que nous pouvons ajouter de plus, sinon un tout aussi vibrant appel à la conversion, à commencer par nous-mêmes, les chrétiens ?

Effectivement, il n’est jamais trop tard ! Nous le croyons : « Jésus-Christ, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté ». Les commandements de Dieu et de l’Eglise ne sont pas donc une ingérence dans notre vie privée et personnelle. Ils ne constituent pas une menace pour notre autonomie. En eux, il n’y a rien qui aliénerait notre liberté. Mais au contraire, en tant que préceptes qui interprètent la Parole de Dieu d’une manière à ce que nous puissions la mettre en pratique, ils sont des indications précieuses pour nous aider à découvrir le chemin d’une vie authentiquement humaine, d’une vie conforme au dessein de Dieu sur le monde en général et sur nous humain en particulier. Ce dessein n’est-il pas révélé précisément par la loi naturelle inscrite dans notre humanité, confirmée et complétée par la révélation surnaturelle ? Bref, obéir à la loi naturelle, c’est consentir à notre propre humanité. Respecter la loi naturelle serait aussi entré plus intimement dans notre propre vérité et, par le fait même, libérer notre libre-arbitre des aliénations que font peser sur elle les idéologies qui se succèdent et se contredisent de génération en génération.

Le ciel et la terre passeront ; seules les paroles de Jésus « ne passeront pas ». Elles ne perdront pas leur force salvatrice. Elles continueront de nourrir l’espérance de ses disciples et le courage des pauvres. Nous ne cheminons ni vers le néant ni vers le vide. Dieu nous attend pour nous embrasser. C’est dans cette ligne que le discours apocalyptique que nous retrouvons chez Marc veut offrir quelques convictions qui doivent nourrir notre espérance et qui maintiennent notre obéissance à la volonté de Dieu. Certes, nous ne devons pas le comprendre au sens littéral. Nous devons plutôt essayer de découvrir la foi contenue dans ces images et symboles qui, aujourd’hui, nous semblent étranges et terrifiants.

Notons qu’en premier lieu, l’histoire passionnante de l’Humanité arrivera un jour à sa fin : il n’y aura plus ni temps ni d’espace. C’est l’avènement de l’éternité qui succédera la temporalité. Notre vie actuelle n’est pas pour toujours. Un jour, la Vie définitive arrivera, sans espace ni temps. Nous vivrons dans le Mystère de Dieu. Ceci s’explique par le « soleil » qui s’éteigne, la « lune » qui brille plus et les « étoiles » qui tombent du ciel. De fait, à travers ces symboles apparemment tragiques, nous sommes avertis que le « soleil » qui indique la succession des années ne réalisera plus son rôle. Le soleil éteint signifie qu’il n’y aura plus les années qui se succèdent l’une après l’autre. La « lune » qui marque le rythme des mois, ne brillera plus. « Les étoiles », qui marquent la distance entre ciel et terre tomberont. Pour ce faire, il n’y aura ni jours, ni nuits, ni mois ni année, ni temps ni espace.

Seulement, Dieu « sera tout en tous ». Un autre élément que fait parti de la conviction chrétienne auquel l’évangile fait allusion, nous enseigne que Jésus reviendra et ses disciples pourront enfin voir son visage tant souhaité. Nous le verrons tel qu’il est. Le soleil, la lune et les astres s’éteindront, mais le monde ne restera pas sans lumière. Car Jésus l’illuminera pour toujours. Il mettra la vérité, la justice et la paix au cœur de l’histoire humaine qui, malgré la lumière naturelle, aujourd’hui, reste encore esclave des injustices, des abus et des mensonges. Jésus apportera donc avec lui le salut de Dieu. Il viendra avec le grand pouvoir salvifique du Père. Néanmoins, il ne se présentera pas sous un aspect menaçant. L’évangéliste évite de parler ici de jugements et de condamnations. Car Jésus vient « rassembler ses élus », ceux et celles qui espèrent avec foi son salut le trouveront.

Prière scripturaire

Seigneur Dieu, que l’Esprit Saint nous accorde l’intelligence spirituelle de notre pèlerinage sur cette terre, de sorte que nous puissions discerner toutes choses sur l’horizon de notre destinée éternelle. Nous pourrons alors prier avec le psalmiste en proclamant éternellement : « Seigneur mon partage et ma coupe, de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. Tu m’apprends le chemin de la vie : Devant ta face débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices ! » (Ps 15). Marie mère de tous ceux et celles qui attendent la vie éternelle, une vie qui ne connait ni temps ni espace prie pour nous. Mère du verbe de Kibeho, illumine notre pèlerinage. Amen.

Père Jean Bosco Nsengiaman Mihigo, msscc