Dimanche, 28-07-19

28. Dim – Vr –18ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - G, C, P dominicale -
1ère lecture : Gn 18, 20-32 ; Ps 138(137), 1-3, 6-7ab, 7c-8 ;2ème lecture : Col 2, 12-14 ; Évangile : Lc 11, 1-13. Homélie donnée par Abbé Valens NSABAMUNGU, Prêtre du diocèse de BYUMBA .

PREMIERE LECTURE – Livre de la Genèse 18, 20-32
En ces jours-là,
les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome.
20 Alors le SEIGNEUR dit :
« Comme elle est grande,
la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe !
Et leur faute, comme elle est lourde !
21 Je veux descendre pour voir
si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi.
Si c’est faux, je le reconnaîtrai. »
22 Les hommes se dirigèrent vers Sodome,
tandis qu’Abraham demeurait devant le SEIGNEUR.
23 Abraham s’approcha et dit :
« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ?
24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.
Vas-tu vraiment les faire périr ?
Ne pardonneras-tu pas à toute la ville
à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ?
25 Loin de toi de faire une chose pareille !
Faire mourir le juste avec le coupable,
traiter le juste de la même manière que le coupable,
loin de toi d’agir ainsi !
Celui qui juge toute la terre
n’agirait-il pas selon le droit ? »
26 Le SEIGNEUR déclara :
« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,
à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
27 Abraham répondit :
« J’ose encore parler à mon Seigneur,
moi qui suis poussière et cendre.
28 Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq :
pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il déclara :
« Non, je ne la détruirai pas,
si j’en trouve quarante-cinq. »
29 Abraham insista :
« Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? »
Le SEIGNEUR déclara :
« Pour quarante,
je ne le ferai pas. »
30 Abraham dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,
si j’ose parler encore.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? »
Il déclara :
« Si j’en trouve trente,
je ne le ferai pas. »
31 Abraham dit alors :
« J’ose encore parler à mon Seigneur.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? »
Il déclara :
« Pour vingt,
je ne détruirai pas. »
32 Il dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :
je ne parlerai plus qu’une fois.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »
Et le SEIGNEUR déclara :
« Pour dix, je ne détruirai pas. »

PSAUME – 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8
1 De tout mon coeur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
2 vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
3Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
6 Si haut que soit le SEIGNEUR, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
7 Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
8 Le SEIGNEUR fait tout pour moi !
SEIGNEUR, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’oeuvre de tes mains.

DEUXIEME LECTURE – lettre de Saint Paul apôtre aux Colossiens 2,12-14
Frères,
12 dans le baptême,
vous avez été mis au tombeau avec le Christ
et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu
qui l’a ressuscité d’entre les morts.
13 Vous étiez des morts,
parce que vous aviez commis des fautes
et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair.
Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ :
il nous a pardonné toutes nos fautes.
14 Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait
en raison des prescriptions légales pesant sur nous :
il l’a annulé en le clouant à la croix.

EVANGILE – selon Saint Luc 11,1-13
1 Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
2 Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
‘Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
3 Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
4 Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
5 Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
6 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
7 Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
8 Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
9 Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
10 En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
11 Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
12 ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
13 Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »

MEDITATION
Chers frères et sœurs, les lectures bibliques de ce Dimanche reviennent sur l’efficacité de la prière. Le dialogue émouvant d’Abraham avec Dieu lui permit d’arracher le pardon de Sodome, la ville pécheresse. Dans la parabole de l’ami importun, Dieu se laisse toucher par la prière persévérante. Saint Paul rappelle que par le Baptême, nous sommes morts et ressuscités avec le Christ. Nous sommes fils dans le Fils et cohéritiers du Royaume de Dieu.

Notre Dieu s’occupe de nous, il souffre quand nous souffrons. Il est un Dieu personnel. Il nous aime comme le (la) parent(e) est soucieux (se) de ses enfants. Il n’est pas indifférent à notre vie. Il a conclu avec Abraham, notre patriarche, une alliance indéfectible (Gn17, 7). Il a visité Moïse dans le buisson ardent pour libérer son peuple de la servitude d’Égypte (Ex 3,14). Dans la première lecture, il négocie avec Abraham le salut de son peuple qui s’était rendu coupable, à cause de son inconduite. Dans l’Évangile, Jésus nous présente Dieu comme Père et miséricordieux. Il répond à nos supplications et pardonne nos péchés. La prière de « Notre Père » commence par un mot qui nous rend proche de Dieu. C’est le mot « Père ». Dans la prière de « Notre Père », Jésus nous confie le titre par lequel il nous faut nommer Dieu : il est Père. C’est là un titre qui nous permet d’entrer dans l’intimité de Dieu. « Le Notre Père nous plonge au cœur de ce que Dieu aime dans la relation que nous entretenons avec lui. D’abord, parce que nous sommes invités à demander ce dont nous avons besoin tous ensemble : obtenir la nourriture pour le bien de notre corps, être pardonnés de nos ruptures d’alliance en pardonnant à notre tour, et bien sûr, déjouer grâce à Dieu, les pièges du mauvais esprit. Ensuite, que nous reconnaissions en lui notre propre origine et le partenaire de toute louange, qui veut étendre à tous son règne d’amour, nous dit le Père Jacques Weisshaupt ». (Lire : « www.eglise.catholique.fr/homélie du Père Jacques Weisshaupt, du 21/7/2016)

Chers frères et sœurs, Dieu nous a engendrés dans l’Esprit Saint par le Baptême. Saint Paul nous rappelle que par le Baptême, nous sommes morts et ressuscités avec le Christ : la croix et la résurrection de Jésus nous a valu le pardon de nos péchés et nous a donné part à sa vie. Nous sommes donc fils dans le Fils. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni Romain ni païen, ni circoncis ni incirconcis, ni homme libre ni esclave (Gal 3,28 ; Col 3,11), ni Blanc ni Noir, ni riche ni pauvre, … nous sommes tous enfants de Dieu. Le statut social, les limites territoriales, les idéologies de tout genre ne devraient pas entacher cette vérité. La prière du « Notre Père » confirme ce principe d’égalité, d’unité et d’universalité des êtres humains. Cette prière révèle deux dimensions : l’intériorité et l’universalité. C’est une prière d’intériorité, puisqu’elle nous met en Communion d’Amour au plus profond de nous-mêmes avec notre Père qui nous engendre à chaque instant. Elle est donc aussi une prière d’universalité, de la plus grande universalité puisqu’elle nous met en Communion d’Amour avec tous nos frères et sœurs dans le Christ.

Chers frères et sœurs, soyons donc miséricordieux comme notre Père. Il nous aime et accepte de souffrir pour nous. Il souffre de l’iniquité de son peuple, de notre mauvaise conduite, de l’égarement du monde. Cependant il pardonne quand nous recourons à lui. Il aime les bons et les méchants, et fait pleuvoir sa pluie sur les justes et les injustes (Mt 5, 45). Dans la première lecture, Dieu pardonne la ville pécheresse, tandis que dans l’Évangile Dieu est à l’écoute de nos demandes. Animés par l’Esprit Saint qui nous fait des fils, soyons nous aussi prêts à servir celui qui frappe à notre porte, et prêts à pardonner celui (celle) qui nous offense.
Mais il arrive que nous nous découragions dans notre prière. Trop souvent, les distractions encombrent notre esprit. Jésus nous encourage : « Vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants… ». Oui, faisons confiance à notre Père qui sait ce dont nous avons besoin. Alors, ne nous décourageons pas de demander. Sans cesse, continuons à chercher, à frapper à la porte du cœur de Dieu. Jésus exprime de façon nette et concise notre engagement dans la prière : « demandez, cherchez, frappez ! ». Car son Père trouve sa gloire à avoir face à lui des hommes et des femmes qui ne sont pas des disciples passifs, il souhaite avoir des enfants qui grandissent en vrais partenaires debout face à lui.
Alors, quand dans notre cœur monte l’envie de prier, et que nous cherchons des mots pour l’exprimer, laissons le Notre Père nous inspirer et nous guider. Dans notre prière, apprenons donc à laisser monter en nous notre désir profond, car ce Dieu qui est notre Père veut sans cesse donner à chacun de ses enfants le meilleur.

Cher frère et sœur, puis-je m’interroger et répondre à cette question que le Seigneur me pose : « quelle est la demande du Notre Père que j’hésite encore, ou que je n’oserais plus, ou pas assez souvent adresser à Dieu ? » Ce que nous voudrions que les autres fassent pour nous, faisons-le d’abord pour eux et soyons sûrs de l’efficacité de notre prière. Comme le « Notre Père », notre prière doit être une prière communautaire. Dans cette prière, on trouve régulièrement le « nous » alors que le « je » est pratiquement inexistant. Notre prière doit ainsi insérer la dimension communautaire ou sociale. Quand bien même que nous prions seuls, nous sommes appelés à élargir nos intentions à tout le monde, en cherchant d’abord le Royaume de Dieu et le reste nous sera donné par surcroît. Amen.