SNEC : Les parents, premiers responsables de l’éducation sexuelle de leurs enfants

Les parents sont les premiers à prendre en charge l’éducation de leurs enfants en matière de santé reproductive.

Ce fut l’une des recommandations formulées à l’issue du Colloque national sur la prévention des grossesses précoces chez les adolescentes, tenu à l’Hôtel Marasa Umubano de Kigali du 30 au 31 janvier 2019.

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Mgr Philippe Rukamba, Président de la CEPR, lors de l’Ouverture officielle du Colloque

Lors de ce colloque, organisé par l’Église Catholique au Rwanda par l’intermédiaire de son Secrétariat national de l’enseignement catholique (le SNEC), les différents partenaires de l’éducation ont échangé sur la prévention des grossesses précoces.

Préoccupée par l’augmentation de ces grossesses et de ses conséquences, l’Église catholique au Rwanda et ses partenaires en éducation recommandent que l’éducation sexuelle soit dispensée à domicile et que les parents participent activement à la préparation des connaissances à fournir aux enfants en matière de santé génésique.

« L’Église catholique rwandaise s’inquiète de ce problème car les parents ont perdu leur sens de responsabilités quant à l’éducation de leurs enfants [...] », a déclaré Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare et président de la Conférence épiscopale du Rwanda. Selon ce prélat, la technologie actuelle profite de l’irresponsabilité des parents et attaque les enfants qui tombent dans différents pièges car ils manquent de supervision parentale. Ainsi, il demande aux parents d’être vigilants et de suivre de près l’éducation de leurs enfants, y compris ce qu’ils peuvent apprendre à l’école sur la santé reproductive pour compléter ce qu’ils ont appris d’eux.

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Dr Isaac (MINEDUC) à côté de Mgr Andrzej Józwowicz, Nonce Apostolique au Rwanda, présents dans la cérémonie d’ouverture du Colloque

Mgr Andrzej Józwowicz, Nonce apostolique au Rwanda, se référant au souhait du pape François, demande aux parents de toujours être avec leurs enfants, de les surveiller et de leur parler de la santé génésique à mesure qu’ils grandissent. Selon lui, les grossesses précoces nuisent non seulement à la vie de ces enfants, mais également à celle de toute la famille. « Combattre ces grossesses signifie préserver la dignité de toute la famille », a-t-il déclaré aux participants au Colloque.
Selon Mgr Józwowicz, l’école ne complète que l’éducation acquise à la maison, notamment en matière d’éducation sexuelle. Cependant, certains parents s’en moquent et les enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes et à la merci des informations fournies par tous. « Ces enfants tombent enceintes très tôt à cause du manque d’éducation sexuelle. Cela devrait être fait par les parents, mais certains n’ont pas le temps, d’autres ne le savent pas ou n’y pensent jamais », a déclaré le Nonce apostolique au Rwanda.
Le ministère rwandais de l’éducation, MINEDUC, indique que la prévention des grossesses précoces implique également la disponibilité du programme scolaire et du matériel pédagogique nécessaires à l’éducation en matière de santé procréative. « Autrefois, on enseignait à tout enfant que commettre l’adultère était un tabou, avant même d’avoir peur de la grossesse, mais pour le moment ce n’est plus le cas », a rappelé le Dr Isaac Munyakazi, secrétaire d’État chargé de l’enseignement primaire et secondaire au MINEDUC, présent dans le Colloque. Selon le Dr Munyakazi, les parents doivent se sentir plus concernés que quiconque. « Les enfants doivent être éduqués aux bonnes valeurs rwandaises afin de faire la distinction entre le bien et le mal. Les parents sont donc impliqués », a-t-il déclaré.

Le rapport publié par le Ministère du genre et de la promotion féminine, MIGEPROF, montre qu’en 2016, il y avait 17 500 grossesses non désirées parmi les adolescentes âgées de 15 à 17 ans, soit environ 47 grossesses par jour ! Les conséquences en ont été nombreuses : décrochage scolaire, avortement programmé, conflits familiaux, troubles post-traumatiques chez les adolescents, réintégration psycho-sociale inefficace et parentalité immature.

En outre, ni physiquement ni émotionnellement prêtes à devenir épouses et mères, ces filles courent un risque beaucoup plus grand de connaître des complications dangereuses pendant la grossesse et l’accouchement, d’être infectées par le VIH/Sida et de subir la violence domestique.

Avec un accès limité à l’éducation et aux opportunités économiques, elles et leurs familles sont plus vulnérables à la pauvreté. Ainsi, les grossesses précoces posent un risque sérieux non seulement pour la santé des mères adolescentes et de leurs bébés, mais également pour la société dans son ensemble.

l’Église catholique au Rwanda gère et participe à la gestion de plus de 45% de toutes les écoles du pays. Numériquement, il compte 1 381 écoles fréquentées par 1 273 593 élèves.

Au Rwanda, considérée comme un partenaire clé dans le domaine éducatif, l’Église

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Photo souvenir des participants au Colloque national organisé par l’Eglise Catholique au Rwanda sur la problématique des grossesses précoces chez les adolescentes

Catholique rwandaise est pleinement engagée dans la promotion de l’éducation et du bien-être social. En préparant ce colloque national, elle souhaitait sensibiliser le public et lancer des interventions positives en son sein et dans la communauté, autour du problème des grossesses précoces au Rwanda.

Dans ce même Colloque, les participants ont également recommandé que le programme de cours sur la santé en matière de procréation soit révisé et adapté sans délai et que l’Église préconise des programmes particuliers de formation à ce domaine à l’endroit des parents et des jeunes, à travers les Communautés Ecclésiales de Base. Ils ont recommandé que le MINEDUC mette davantage l’accent sur les valeurs rwandaises au lieu de se plier aux cultures étrangères qui confondent parfois les enfants.

Quelques thèmes qui ont été ébauches pour mieux cerner le problème des grossesses précoces chez les adolescentes :
1. Enquête de base sur la problématique des grossesses précoces. Quoi, pourquoi et comment.
2. L’Église catholique et la problématique des grossesses précoces : réflexions et orientations.
3. Questions liées à la grossesse chez les adolescentes : politiques, stratégies, interventions et défis ;
4. Intervention majeure concernant la réponse à la grossesse chez les adolescentes : expérience partagée sur des faits et un défi.
5. Le traumatisme et les blessures psychologiques comme fondements des comportements désordonnés des jeunes aujourd’hui : causes et conséquences, comment les guérir.
6. Éducation chrétienne à la sexualité humaine : contenu, faits et défis dans le contexte de l’Église au Rwanda.
7. Le rôle de la famille dans la limitation des grossesses chez les adolescentes : questions clés et réponses.
8. Limiter les grossesses précoces, stratégies du secteur de l’éducation : politiques, faits et problèmes.
9. Environnement scolaire et engagement communautaire dans la lutte contre la grossesse à l’adolescence : stratégies clés.
10. Construire des garçons et des filles résilientes : explorer les voies.

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Photo souvenir des participants au Colloque national organisé par l’Eglise Catholique au Rwanda sur la problématique des grossesses précoces chez les adolescentes

11. Internet/Réseaux sociaux comme nouvel environnement éthique : quels repères et quelles stratégies pour l’intégration des jeunes ?
12. L’enseignant rwandais face à la problématique d’une éducation à la sexualité positive : son rôle, ses difficultés. Quelles perspectives ?
13. Quelle action pastorale à promouvoir pour lutter contre les défis des jeunes aujourd’hui : grossesses précoces, SIDA et drogue : Prévention et prise en charge.
14. Améliorer les programmes scolaires liés à une éducation sexuelle adéquate : problèmes et perspectives clés.
15. Vers des écoles qui protègent les enfants et les jeunes : quelles interventions.

J-Marie Vianney UWITONZE,
DOOCICO